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Dico d’Argadz retranscrit par Mister 64 Ch 194

Ceci est juste le produit d’une recherche personnelle dans un “dictionnaire des argots français”, sur lequel je suis tombé par hasard il y a quelques mois. Celui-ci contenait un certain nombre de mots d’argad’z du XIX ème et du début du XXième siècle (l’ouvrage étant assez ancien et incomplet, certains termes n’y figurent pas).

Ce n’est pas une tentative de réhabilitation des termes que les ans ont effacé de notre vocabulaire, mais un simple témoignage du passé, montrant que l’argad’z est un langage vivant, en constante évolution et ouvert sur de nombreuses sources linguistiques.

Les quelques pages que tu as entre les mains te permettront toutefois de connaître les origines de bon nombre d’expressions : – le centre (Ch, An, Ai, Cl, Li, Pa). – la date du plus ancien document écrit trouvé (par les auteurs de ce dictionnaire) faisant allusion au mot recensé. – l’étymologie hypothétique. J’y ai aussi ajouté également quelques rares remarques personnelles [entre crochets], pour préciser, voire compléter les différentes définitions.

Bonne lecture.

Mister 64 Ch194 dit Jérôme Dutu

A

accus : (n. m. pl.) notes prises aux cours (Ai 1910); étymologie : accumulateur électrique portatif

acrosto : (n. f.) acrostiche qu’un ancien ordonne de composer sur quelque sujet galant (An 1911, Li 1921, Cl 1929)

adjup’s : (n. m.) surveillant (1904); étymologie : les surveillants sont souvent d’anciens adjudants

agneau : élève de promotion à millésime pair (Ch 1893-1896); synonyme : mouton [voir aussi canaque]

aime, souffre et potasse!: devise de gadz’art, transcrite par la formule “chimique” M.S.KOH (An, Ai 1929), le conscrit ne doit dessiner le M qu’en pointillé [une version différente existe aussi dans d’autres écoles, sauf qu’eux ils n’aiment pas]

allouf : (n. f.) allumette soufrée (An 1910, Li 1925), longueur d’une allumette prise comme unité linéaire ; mots dérivés : allouf-carrée : (n. f.) unité de superficie (Pa 1929)

amphi : (n. m.) cours fait en chaire [dans toutes les écoles supérieures]. “le Jeudi est amphibie, il y a deux cours” (An 1912)

ancien : (n. m.) (1) élève de 3ième année (An 1949, Ai, Ch, Cl), synonyme : cuscrit et vénérable. (2) on appelle aussi comme ça les ex-élèves(Pa 1929); mots dérivés : en ancien, pendant la 3ième année.

ancienneté : (n. f.) ensemble des anciens (An 1910)

ânes [les] : l’un des 4 dortoirs de viscrit (An 1910)

apaches : (n. m. pl.) élèves venus d’outre-mer, hormis l’Afrique du Nord (Ai 1910); étymologie : allusion aux “apaches” : bandits parisiens (1902)

applicass : (n. f.) coup de règle donné sur les ongles (Ch 1869)

aquarium : (n. m.) le bureau vitré du chef et du sous-chef (ce dernier s’appelait Poisson) (An 1927)

aristos [Les] : l’un des trois dortoirs d’anciens (An 1903) [voir aussi Populos et Crève-la-Faim]

Arm-z’arts : (n. m.) élève de l’école d’Armentières préparant les Arts (1928)

arp’s : (n. m.) pied; étymologie : diminutif d’arpion du provencal “arpioun” : griffe) [aussi utilisé, depuis, dans l’argot militaire des régiments du génie]

asticot : (n. m.) nabot (Ch 1855)

atel’s : (n. m.) atelier (Ch 1905); variante : at’s (An 1910)

auto : (1) (n. f.) carafe d’eau (Ai 1910-22); (2) (n. m.) cours polygraphié (An 1919)

axe : (n. m.) “dans l’axe” : correct, “être dans l’axe” : être dispo (Ch 1893); “remettre dans l’axe” : réprimander

B
babillard : (n. m.) tableau noir (An 1930)

babille ou babill’s : (n. f.) lettre (correspondance) (Pa 1929)

babab’s [la bande des]) : (n. m.) élèves non français (Ch 1910); étymologie : de “babian” : bredouiller

bac : (n. m.) la timbale de réfectoire (An 1930); étymologie : diminutif de baquet

bagne : (n. m.) lavabo en forme d’auge longue (Ai 1875); étymologie : de “bagnon” : cuveau pour bain de pied

bahut : (n. m.) pupitre de salle d’étude (Ch 1893) [viendrait de X 1805]; ce mot désigne aussi les écoles préparatoires aux arts, “enlever les trad’s à l’École des Arts, que reste-t-il? Un vulgaire bahut!” (An 1909)

bahuter : (v. tr.) embêter, déloger, promener (1930) ; étymologie : faire du tapage (1850)

bain de pieds : (n. m.) soupe (Ai 1910) [ceux qui liront la totalité de ce recueil sont en droit de se demander comment les élèves ont pu survivre à de tels régimes alimentaires au début du siècle]

baiser : (v. tr.) enthousiasmer, étonner, estomaquer, “je suis baisé par ces machines” (An 1930); étymologie : du populaire “baiser” : surprendre en faute; mots dérivés : baisé : (adj.) fou, “piqué”, “un poil baisé” : un peu maboul (An 1930)

baisifier : (v. tr.) épater (An 1910)

balade : (n. f.) promenade du Dimanche (An 1856)

balai : (n. m.) moustache; “balai-à-chiotte” : moustache raide (An 1929)

baleine : (n. f.) sardine (au réfectoire) (An 1903), “avort’s de baleine” : sardines à l’huile, ou tout autre poisson (1909)

balèz : (adj.) énorme, important, fort (An 1927); étymologie : viendrait du provençal balès : grotesque, gros, débrouillard

ballon : (n. m.) postérieur (Ch 1869); mots dérivés : ballonner : (v. tr.) châtier à coup de pied au derrière, “ballonner un mouchard” (Li 1909)

bambouter : (v. tr.) coler sévèrement un élève, traiter sans amitié (Pa 1929); étymologie : de coup de bambou

ban : (n. m.) chahut rythmé, marque de réprobation, “ban de pied” : chahut en étude, “ban de pieux” : chahut au dortoir (1910); étymologie : vient de “ban” : applaudissement rythmé

bande : (n. f) dans les écoles d’Arts et Métiers, groupe de camarades de même pays, ayant pour chef celui qui a le meilleur rang d’entrée. Les noms de bandes s’inspirent de souvenirs régionaux.
exemple : les Ours : Pyrénéens et Gascons (An 1856) [je tiens à demander pardon à tous les Vosgiens, surtout s’ils sont susceptibles], Bêtes de Somme et Oisons (Ch 1893), Zhomard (de la Haute-Marne), Lapins venu de Paris (près de la Garenne) [rire!!] (Ch 1910), Aliénés (de l’Allier), Graines d’Ol’s (ou de l’s) (graine de l’Ain).
A Aix les bandes sont dites cercles. mots dérivés : La Bande Noire : (n. pr.) groupe clandestin, judiciaire et exécutif de 10 “gars” cooptés, non identifiés (même par les anciens) ayant pour but de lutter contre l’administration, avec comme matériel : un déguisement, des cordes et toutes les clés (An 1875, Ch et Cl 1890,Li 1909). à Châlons on dit aussi la B.N..

bander : (v. intr.) (1) faire “bande”, se grouper, “Conscrit, avec qui bandes-tu?” (An 1856); (2) se promener dans la cour, surtout en bande, sur deux rangs vis à vis (Ch 1869)

bande-à-l’s : (n. m.) pantalon d’été en toile, bleu pour le travail, blanc pour le Dimanche (Ch 1905); étymologie : on y est à l’aise

baptème : […] d’un castor qui devient conscrit (Ai 1929)

les baquets : (n. m. pl.) (1) lieux d’aisances (An 1849); (2) “avoir un baquet” : avoir un duel au poing dans la cour des lieux; mots dérivés : baq’s : (1) (n. m. pl.) lieux d’aisances (An 1878); (2) (n. m.) cours des lieux (An 1856)

barre : (n. f.)”coup de barre” : riposte, blague qui assomme (Cl 1932)

basilique : (n. f.) (1) régal de berlingots, payé à tour de rôle, le Samedi soir dans le tabagnon, “payer la basilique” (Ai 1898); (2) ramassage des outils, nettoyage du tabagnon et quête de quelques sous pour l’outilleur de la dérouille (Ai 1908); étymologie : du béarnais basilico : distribution d’argent après des funérailles ; mots dérivés : se basiliquer : (v. pr.) se laver (Ai 1910) [du sens ‚)]

bat : bon, beau (An 1856); variante : bit (An 1856)

bazarder : (v. tr.) jeter par la fenêtre; “bazarder les lits” au cours d’une révolte (An 1903)

béquillance : (n. f.) repas au réfectoire (Ai 1875, An, Li, Pa); il entre dans une formule algébrique complexe avec le reftingue, les quignasses, le bénef de la strass… ; mots dérivés : béquiller : (v. tr.)  manger (1841), variante de béqueter; subir des “contraintes”, “faire béquiller un conscrit” (Ai 1910)

beuglante : (n. f.) manifestation bruyante contre quelqu’un (Cl 1910, An & Ai 1926)

bi : (n. f.) burette à vinaigre (Ai 1910), dite bécame en 1908

bidel : (n. m.) surveillant (An 1910); étymologie : du dompteur Bidel (1839-1909), pour désigner un homme à poigne

biffer : (v. intr.) jubiler (Ch 1869); bien aller en parlant de la santé ou du travail; étymologie : du vieux verbe “rebiffer” : se rengorger; mots dérivés : biffe : (n. f.) joie (Ch 1893) ; variante :biffante (Ch 1869),biffance (Ch 1905, An 1909, Li 1921)

biffu : (n. m.) café noir (Ai 1908-29); d’après une étymologie obscure de 1929, le Biffu est un ancien élève. Il y a un théorème du biffu, qui est sans rapport avec le café

biger : (v. intr.) réussir au travail manuel, à l’examen (An 1903); déformation de “bicher” : bien aller; mots dérivés : bigeoter : (v. intr.) réussir à moitié (An 1903)

bin’s : (n. m. pl.) latrines (Ch 1893, Cl 1909, Li 1921, Pa 1928); synonyme : les baquets; étymologie : apocope de cabinet; par un autre apocope, désigne aussi un binocle (An 1909); mots dérivés : bin’ser : user des bin’s (Ch 1905, Cl, Li)

birob’s : (n. m. pl.) paire de ciseaux (An 1910-30); étymologie : double robert

bistric : (n. m.) tapage, “grand bistric” : rires éclatants (An 1856), récit d’un cours ridicule

bitou : (n. m.) fromage (An 1909-30); étymologie : en Bourgogne le fromage est appelé claquebitou; synonyme : from’s; variante : bitouc’s (An 1929)

biter : (v. tr.) punir (1929) [X 1905] comprendre

bit’s (à l’ail) : saucisson à l’ail (An 1875), étymologie : de “bitord” : saucisson dans la région de St Etienne et Lyon

bitture : (n. f.) (1) bonne cuisine (An 1856); grand plat de fayols (An 1903); (2) grand nombre : “y en a pas bitture qui ont pigé l’amphi” (Ch 1869); cuite; mots dérivés : se bitturer : (v. pr.) rire (An 1909); “bitturant” : rigolo (An 1909); Se saouler

bitt’s : (adj.) beaucoup, “j’ai bitt’s de galettes” (An 1903)

bloc (à) : (adv.) complètement, “merder à bloc” : ne rien savoir, sécher (An 1909)

blosse : (n. f.) (1) chaussures d’uniforme lourdes et dures (An 1856, Pa 1929); (2) unité de masse (An 1927); (3) “sem’blosse” : bifteck coriace (An 1914); étymologie : “beloce” dans le nord-ouest de la France veut dire “prunelle”, qui est aussi un soulier léger de femme en étoffe de laine, c’est donc un terme ironique; mots dérivés : blosser : (v. tr.) (1) infliger une brimade à coups de pied (An 1909); (2) (v. intr.) taper du pied sur le parquet (An 1909)

blossoir : vestiaire à chaussures

boîte à fumée : l’enseignement des écoles d’Arts et Métiers (expression due à D. Poulot en 1862); étymologie : pour nettoyer la “boîte à fumée” d’une locomotive, il faut y entrer et l’on en sort noir : les Arts qui enseignent les théories abstraites, forment aussi aux travaux manuels

boquette : (n. f.) (1) salle, bureau, réduit (Ch 1890, An 1903, Li 1910), “boquette à em’s” : salle de musique, “boquette du rat” : réduit du surveillant au dortoir, “boquette du chef” : bureau du chef d’atelier; (2) Ecole des Arts, “mon temps de Boquette” (An 1925); étymologie : déformation de bocal.

bosco : (n. m.) shako de grande tenue (Ch 1869); étymologie : de “boisseau” par déformation : haut de forme (décalitre)

bottage [de cul] : (n. m.) châtiment usuel (1927) [je tiens à signaler, que dans le même genre, les piétinements et autres compressions contre les murs pratiqués à X et St Cyr à la même époque ne sont pas mal non plus].

boulon : (n. m.) ferraille quelconque qui sert de projectile dans les révoltes (An 1903, Ch 1905)

boulot : (n. m.) réfectoire (An 1903)

boulotter [des conscrits] : (v. tr.) les “assouplir” par des “contraintes” (An 1875) [en 1856 on dit les faire vivre]; mots dérivés : boulottage : (n. m.) brimades (An 1903)

bouquiner : (v. tr.) (X 1840), lecture étrangère au programme (Ch 1869); variante : bouquinance : (n. f.) lecture non scolaire (Ai 1903) bouquinante : (n. f.) lecture non scolaire (An 1903) bouquin’s : (n. f.) lettre reçue (Cl, An 1909) [voilà peut-être l’ancêtre de nos kin’s actuelles] bouq‘(Pa 1929); mots dérivés : bouq’ser : (v.tr.) lire (Pa 1929)

bousiller : […] (v. intr.) faire du gâchis, de la casse; “ça bousille!” (An 1927); mots dérivés :bousillance : (n. f.) casse, maladresse (An 1927) ; la “rondelle de bousillance” ovale de 15cm sur 10 gravée avec soin, est décernée au plus maladroit

bousin : (n. m.) objet quelconque, machin, construit pour le défilé de mécan’s (An 1903)

bousine : (n. f.) révolte (Ch 1869); étymologie : de l’ancien français “buisine” : trompette; mots dérivés : bousiner : (v. intr.) chahuter, faire du vacarme (Ch 1869)

bout du monde : (n. m.) mise en portefeuille d’un lit (An 1849)

boxante : (n. f.) bagarre, “explication” entre camarades (Ch 1869)

briquer : (v. tr.) priver, “nettoyer”; “être briqué de sortie” (Ai 1910); étymologie : au passif équivaut à “se brosser”, “se frotter”

broquante : (n. f.) besogne faite en fraude pendant les heures de travail ou en cours, et avec les matériaux d’atelier (An 1856); étymologie : de “broquanter” : trafiquer

broquillon : (n. m.) seconde d’horloge (An 1909); étymologie : de “broquille” : minute d’horloge

brosseur : (n. m.) individu qui se montre complaisant avec un supérieur (soldat 1842, An 1856); étymologie : de “broussier” : passer la brosse

bûche : (n. f.) (1) allumette, “bûche d’allouf & bûche carrée” : unitée de longueur & de surface (An 1909); synonyme : allouf ; étymologie : de “bûche” : brin de paille au XVIIIieme; (2) travail en temps d’examen (1910) ; mots dérivés du sens : bûchante : (n. f.) travail (Ai 1918)

buque : (n.f.) épreuve burlesque (pièce d’atelier, dissertation, épure, dessin), imposée au conscrit sur un sujet plaisant; exemple : la machine à chanfreiner les pans de jaquette (1893); [d’où vient probablement nos buquages actuels, si on considère que chacun devait signer son travail] ; variante : buquance (Li 1910) buquante (Ai 1910)

buquer : (v. intr.) travailler aux at’s ou à l’étude (Ch 1855, Cl & Li 1910, An & Pa 1929)

buqueur : (n. m.) travailleur (1887)

buse : (n.f.) haut de forme (Ch 1905); étymologie : de buse : tuyau de poêle

C
cabo : (n. m.) élève classé de 7ième à 10ième au concours d’entrée et portant galon rouge (An 1880); étymologie : de caporal [c’était leur grade officiel]

caboulot : (n. m.) petit cabaret (An 1850)

cabri : (n. m.) professeur et cours de comptabilité (An 1856-10); étymologie : motif oublié

cachalot : (n. m.) mets de poisson (An 1910)

cadavre : (n. m.) règle d’acier en usage à l’ajustage (An 1903) [voir le mot cercueil]

cadre : (n. m.) tableau noir; “passer au cadre” : être interrogé (Ch 1869)

café (prendre le) : […] (n. m.) être admonesté par le directeur (Ai & Ch 1920) [dans son bureau]

cage : (n. f.) […] prison (Ch 1869)

caisser : (1) (v. intr.) rager, maronner (Ai 1885-26); étymologie : du provençal “se queso” : rester coi [?]; (2) (v. tr.) chaparder (Pa 1929); étymologie : “mettre dans sa caisse”

calcasse : (n. f.) règle à calcul (Ch 1869) [nos calculatrices modernes n’existant pas encore]; synonyme : poutre-à-c’s

calmer : (v. tr.) dompter, “calmer un rat” : venir à bout d’un surveillant (Ch 1910)

cambuse : (n. f.) boquette (Ch 1869-91); étymologie : terme nautique

Cam’s (père et mère) : (n. pr.) sobriquet du portier et de la portière (An 1875-32 & Li 1905-07); étymologie : survivance d’un portier redouté (An 1856) et souvenir de “Père Camus et Mère Camus” chanson de 1804 [plus douteux je pense]

canaque : (n. m.) élève d’une promotion à millésime impair (Ch 1887, antérieur à 1881); les cuscrits canaques interdisent aux viscrits agneaux d’ordonner des buques aux conscrits canaques (Ch 1893); étymologie : populairement est canaque l’homme à peau noire, comme natif de Nouvelle-Calédonie, différence donc entre canaque (homme noir) et mouton (bête blanche) [on peut comparer avec les St Cyriens dont les promotion sont alternativement jaune et rouge [ap’s!]]

canard : (n. m.) le (joueur de) tambour, sobriquet donné par survivance d’un des titulaires de la fonction (1887) [(Mo)² est un exemple moderne du même genre]

canass : (n. m.) élève le plus grand de la promotion (Cl 1930); synonyme : cheval, lancier et cham’s; variante : carnas’s (Ai 1929) ou Kanas’s

caniche : (n. m.) surveillant (An 1875, Ai 1889), “le caniche de chauffe” : le surveillant aux cuisines (An 1929); synonyme : moloss ; à Angers caniche a succédé à chien, ailleurs on les nomme rats; mots dérivés :canicherie : (n. f.) ensemble des 11 caniches (An 1903) appelé le plus souvent la meute

canne-à-b’s : (canne à bombe) (n. f.) tube de fer muni d’une capsule, fabriqué en fraude à l’atelier, et avec lequel une dizaine de pierrots tirent des coups de feu au devant du char de l’École (Ai 1910)

canne-à-p’s : (canne à pêche) (n. f.) sobriquet appliqué à un homme long et maigre (1882-19)

cannibale (1882), touareg-cannibale (1895), cannib’s (1905) : (n. f.) danse barbare imposé aux conscrits (An 1882), où la forme cannib’s est interdite en 1910 (Ch 1905, Cl 1910, Li 1910-28); on l’exécute dans la position accroupie, en lançant en avant une jambe, puis l’autre, et en proférant des paroles abracadabrantes; étymologie : supposée gadzarique, cette danse se pratique en Tauride, selon l’Iphigénie de Gluck [ne me demandez pas ce que c’est, je n’en ai aucune idée]

cap’s : (1) (n. f.) capote (Cl 1910); (2) capitaine (Li 1921)

carburer : (v. tr.) travailler; “R. carbure cher Zénith” (1930)

carrer : (v. tr.) économiser (Pa 1929)

casse-cul : (n. m.) (1) amphithéâtre sans pupitres où l’on écrit sur ses genoux, dans une position pénible (An 1909); (2) par extension, salle d’étude, “la revanche cesse au tap’s d’entrée en casse-cul” (An 1927)

castor : (n. m.) élève aspirant aux Arts (Ai 1910, Li 1921, An 1927), reçu il reste castor jusqu’au baptême; étymologie : terme venant probablement de la marine du XIXème, auparavant fille galante (XVIème) : peau de demi-valeur

Caton : (n. m.) sous-directeur (Li 1907, An 1905-14, inusité en 1929); étymologie : Caton le Censeur est une célébrité latine (le terme transite par les lycées avant les Arts)

Cayenne : (n. pr.) l’École (Ai & Cl 1910); “l’Écho de K.I.N.” : journal (Ai 1910); étymologie : de Cayenne, bagne depuis 1853

Cent : Les 100 jours : (1) trimestre précédant, en ancien, la décale (An 1903, Cl & Ai 1910), et pendant lequel des amendes, affectées à une cagnotte sont infligées à qui parle l’argot des Arts, (2) fête inaugurant cette période (Ai 1903); en 1875, la réjouissance n’est que de déplacer de jour en jour une cheville dans les 100 trous d’une tôle qui bouche une fenêtre

central [aux] : (n. m.) élève natif du centre de la France (An 1903)

centrer : (v. tr.) réussir; “centrer une merde” : avoir un 0 (An 1903) ; “un monôme centré” : épatant (Cl 1929); “une poche centrée” : un grand chambard (An 1909); étymologie : de l’expression technique “centrer une pièce”, marquer de 2 traits d’équerre, les extrémités de l’axe de la pièce à tourner [voir aussi : axer quelqu’un : le remettre à sa place]

cercueil : (n. m.) nom de la boîte contenant la règle nommée le cadavre (An 1903)

chambard : révolte de toute l’École (1900)

cham’s : (n. m.) (1) élève major en hauteur (Li 1929), où le cham’s assisté du sous-cham’s du pomp’s et du sous-pomp’s laïusse face à la statue de Faidherbe [qui c’est ???] ; (2) femme, “mon cham’s” : ma cavalière de bal (An 1929)

Chapelle [La] : (n. pr.) dortoir des viscrits au plafond bas et voûté (Ch 1910)

chauffe : (n. f.) les 100 derniers jours d’ancien (Ai & Ch 1910); étymologie : chaque ancien, un jour durant, dirigé par un ouvrier, chauffe la machine à vapeur; “petite chauffe” : nombre de jours qui séparent d’une petite décale (Ch 1931); dès Janvier, le conscrit doit savoir le nombre de la petite chauffe de Pâques

chaussette : (n. f.) gants blancs d’uniforme (Ch 1891)

cheval : (n. m.) élève de haute stature (An 1856); “les chevaux” : les 10 plus grands de la promo; “les chevaux négatifs” : les 10 plus petits de la promo (Ai 1875); “pomp’s en tête et cheval en queue, ou monôme des 508” (Cl 1911); synonyme : lanciercham’s et canassKanass; mots dérivés : les Chevaux : (n. pr.) le dortoir des plus grands conscrits (An 1914) [voir aussi Culot et Mulet]; et l’un des quatre de viscrits [voir aussi La Chiée]

chic (pousser un) : (n. m.) une ovation (Cl 1910, Li 1911); [viendrait de Normale Sup 1895]

chichine : (n. f.) mauvaise viande (Cl 1910); étymologie : dérivé du catalan “chichina” : viande hachée

chiée : (n. f.) groupe, suite de 11 choses, de 11 personnes, “La Chiée” : est le nom d’un dortoir comportant 11 lits (An 1928); “une chiée de tableaux” : titre d’une revue de 11 tableaux (An 1928); étymologie : du calembour “on s’fait chier” populaire avant 1890

chien : (n. m.) surveillant, d’ordinaire ex-adjudant militaire (An 1849-10); synonyme : les termes caniche et rat (Ai 1875-29) lui ont succédé

chimarre : (n. f.) cuite (An 1929); étymologie : du provençal “chimar” boire

chine : (n. f.) (1) les bancs supérieurs d’un amphi (Ch 1869), où la règle est de placer les élèves mal classés; (2) la fonderie (Ai 1908, Ch 1927); synonymes : fondancepaverie et lapinerie; mots dérivés : chinois : (n. m.) (1) élève faible en quelque matière, “chinois en matiques” (Ch 1855); (2) élève à la fonderie dont le chef est appelé le mandarin; étymologie : le fondeur s’accroupit en Boudha pour mouler son sable noir-vert

chiotte : (n. f.) chambrette du chien au dortoir (An 1903)

ciboul’s : (n. f.) tête (An 1903); étymologie : de “cibole” : tête de massue

cig’s : (n. f.) cigarette (An 1849)

ciné (Ch 1893), cinémat (An 1909), ciném’s (Pa 1929) : (n. f.) cinématique

508 [Les] : (n. pr. m. pl.) aux Arts, fête marquant la moitié du temps passé à l’école (1016 jours), sommet de la “spirale exançoïde”, célébrée par des facéties (manger dans son verre le dos à la table, …) et un monôme en ville (An & Cl 1909, Li & Pa 1929, Ai [la 508] 1930) [d’autres écoles ont la Culbute ou le Demi-tour]; synonyme : la Mi-temps

Cipale [La] : (n. pr. f.) musique municipale (Ch 1969)

cisaillé (e) : (adj.) stupéfait, qui a “les bras et les jambes coupés” (An 1929)

clé d’ex, clé d’exance : (n. f.) emblème de la sortie d’une promotion (An 1903, Ch 1905, Cl 1910 (dite aussi clé des Ex), Li 1911), pièce de 2m pesant 30kg, et dont le mot EX forme le penne; elle est tirée au sort, et décide du premier à passer l’examen, suivi selon l’ordre alphabétique, mais reste en propriété au dernier sortant [voir aussi exance]

Clouterie [La]: (n. pr.) l’atelier des forges (An 1903), dit aussi La Clout’s (An 1929); synonyme : La Flaque; mots dérivés : cloutier : (n. m.) un forgeron (An 1903)

clun’zarts : (n. m.) gadzart de Cluny (Cl 1911)

clyco : (n. m.) sobriquet, escorté de Canule et La Purge (An 1882)

colle : (n. f.)  atelier de menuiserie (Ai 1875) et de modèlerie (Ai 1910); synonyme : potacollerie; concours, “colle de sortie” (Ch 1887); mots dérivés : Planche colleur : (n. m.) élève à l’atelier de menuiserie (Ai 1890)

colleter : (v. tr.) réussir, “j’ai colleté en répèt’ de cyclope” (Ch 1855-10); étymologie : coller : s’adapter ; mots dérivés : colleteur : (n. m.) expert, “M. est colleteur mais ne dévisse pas” (Cl 1910), colletante: (n. f.) réussite (Ch 1869)

colonel : (n. m.) cuscrit élu en viscrit pour passer la revue des Fignoss avec le général (Ch 1895)

Comit’s[Le] : (n. pr.) le comité tribunal, assisté de 5 bourreaux, appréciant la connaissance des traditions chez les conscrits (Cl 1910)

commissaire [au Fignoss] : (n. m.) chacun des 17 officiers, élu en viscrit et qui au Fignoss escortent le major des anciens (Ch 1895), l’un d’entre eux est premier (1903), chef (1909) commissaire [voir aussi général et colonel]

compote : (n. f.) composition sur un sujet donné (1893); variante : comp’s (Pa 1929)

compression : (n. f.) danse sur un dormeur, protégé par un matelas, “au minuit de Noël, passage à la compression” (Ai 1903)

cône : (n. m.) paquet de tabac à fumer de forme conique (Ai 1910)

conf’s : (n. f.) conférence (Pa 1929)

conscrit : (n. m.) (1) élève de 1ère année (An 1849, Ch 1869), “un conscrit n’est qu’un 0, moins que rien, 300° au dessous d’un chien” (1903); (2) “en conscrit” : 1ère année d’étude; “cosaque [instruction religieuse] en conscrit le Jeudi, en viscrit, le Mardi, en ancien le Mercredi” (1856), “notre étude de conscrit”, “je suis ex de conscrit”, “depuis conscrit il est rouspéteur” (1929); mots dérivés : conscraille : (n. f.) ensemble des conscrits (An 1910), conscraillon : (n. m.) candidat reçu au concours mais non encore entré (An 1909) ; entré mais non encore baptisé (Ch 1910)

conscrital : (adj.) de conscrit, “si un cuscrit passe près d’une forge conscritale, le frappeur rectifie la position” (Li 1905, Ch1910)

construction : (n. f.) “par construction”, en vertu de la formation intellectuelle, “les gadz sont réalisateurs par construction” ; étymologie : métaphore géométrique (1927)

cop’s : (n. m.) camarade d’école (1926)

copeaux : (n. m.) frites (Ai 1908)

coq’s : (adj.) fâché, brouillé (An 1856); étymologie : angevin “faire le jar (le coq)” se piquer par susceptibilité ; mots dérivés : se coq’ser : (v. pr.) se fâcher, se bouder (An 1878), se décoq’ser :
(v. pr.) se mettre d’accord (An 1878)

corbillard : (n. m.) terrine pour les déchets, au réfectoire (Ai 1910); synonyme : dégueuloir et plat-à-fin’s

cosaque : aumônier (An 1856-85), “cosaque tous les quinze jours (pour confession)” (An 1856)

cote (n. f.) “à la cote” (loc. adj.) : parfait, “le major a prononcé un discours à la cote” (An 1911)

couille : (n. f.) ampoule [mot venant de la marine]

couill’-au-c’s [théorème de] : “quand y a pus d’jus dans les tuyaux, y a pus d’jus dans les lampes”, théorème qui explique l’extinction subite d’une lampe électrique, appelé aussi théorème d’Attila (Ai 1925)

coulée : (n. f.) intérim, “Mikado, le rat de l’infirmerie, fait la coulée au dortoir” : remplace les surveillants qui ont leur nuit de repos (Ch 1910); étymologie : de soudure, la coulée de fonte liquide soude deux pièces

cours-jus : (n. m.) “faire cours-jus” : avoir une panne (An 1929)

cramer : (v. tr.) “la moteur crame!” : il chauffe (An 1927)

clapse : (n. f.) trépas, “bûcher la clapse” : être malade (Ai 1910)

cramper : (v. tr.) punir, “baiser”, “crampé de sortie” : consigné (An 1903)

crap’s : (n. m.) cigare (An 1903)

crasseux : (n. m.) peigne (Pa 1929)

Crève-la-faim [Les] : (n. pr.) l’un des trois dortoirs d’anciens (An 1903) [avec Aristos et Populos]

croq’s : (n. m.) croquis d’art ou schéma technique (Ch 1878) ; mots dérivés : croq’ser : (v. tr.) dessiner (An 1903)

croque-mort : (n. m.) uniforme gris foncé, sans cachet militaire, porté dans les écoles de 1830 à 1843

croust : (n. m.) (1) croûton de miche (An 1849, Ch 1891, Cl 1909), “un croust tu radineras, à ton ancien journellement” (An 1914) ; variante : croût’s (An 1856) et croustiche : morceau de pain (Ch 1891); (2) perruquier (An 1856); (3) (n. f.) barbe (An 1909); étymologie : la croûte est ce que la scie enlève d’un billot à équarrir ; mots dérivés : croustonner : (v. tr.) couper les cheveux (An 1875), se crouster: (v. pr.) se raser (An 1909)

crousteur : (n. m.) coiffeur (An 1909)

croustoir : (n. m.) rasoir (An 1909)

cruppinette : (n. f.) veilleuse de dortoir (Ch 1910) ; étymologie : peut-être de Cruppé, ministre du commerce en 1908 [ou-est le rapport?]

c’s : (n. m.) cul (An 1918), “fait au poil du c’s” (An 1918)

cube : (n. m.) paquet de tabac (Ai 1910)

cubilot : (n. m.) “passer au cubilot” (en parlant d’argent) : être dépensé, appel à la cotisation, “nombre de kilos de gros sous sont passés au cubilot” (An 1930); étymologie : au sens propre : être passé à la refonte, au creuset; variante : cubil’s (Ai 1911, Pa 1929)

cuistre : (n. m.) garçon servant au réfectoire et brossant les effets aux promenades (An 1856, Ch 1869, Li 1911)

culot : (n. m.) dernier de promotion (Pa 1929), au classement (Ch 1893 où on admet le pluriel : “les culots en math”), par la taille (An 1856-30); étymologie : le culot d’une portée, le dernier mis à bas est souvent le plus petit; mots dérivés : culotte : (n. f.) les dix derniers du classement (Ch 1910), culotter: (v. tr.) déformer, malmener pour donner du chic, “culotter sa casquette” (1903)

cuscrit : (n. m.) aux Arts, élève de 3ème année (An 1856, moins usité qu’ancien, mais en plein usage en 1875, Ch 1869, Li 1910, Cl 1910, Pa 1929), “en cuscrit” = la 3ème année d’école; étymologie : scrit (tiré de conscrit) + cul qui a dès 1632 pour synonyme populaire “vénérable” : la respectabilité rassise de l’ancien succède à la fougue du viscrit et à la naïveté du conscrit; mots dérivés : cuscrital : (adj.) de cuscrit (Ch 1889)

cuver : (v. intr.) fainéanter (Pa 1929) ; étymologie : de “cuver son ivresse”; mots dérivés : cuvage : (n. m.) fainéantise

cyclope : (n. m.) canif à une lame à tailler la plume d’oie (Ch 1855); étymologie : c’est Cadet, professeur d’écriture et de comptabilité (1855), surnommé le cyclope parce qu’il est borgne et qu’il distribue ses plumes; le sobriquet passe à son successeur; le terme désigne aussi un couteau de poche (Ch 1869-96); mots dérivés : cyclope : (n. f.) écriture (Ch 1855), cyclopante : (n. f.) écriture (Ch 1869), coupe des pierres (1893), des cheveux, “descente au pionçoir des conscrits avec cyclopante” (Ch 1906)

cycloper : (v. tr.) (1) écrire et couper (1869), “cycloper les tifs” (1891, locution passée à Lille en 1921)

cyclope : (n. m.) élève de forge (Ch 1891 désuet en 1905)

Cythère : (n. pr.) “bûcher Cythère” : avoir des idées d’amour (An 1910)

D

D.G. : (n. m.) dessin géométrique (prépa AM 1928)

dx : (n. f.) “fils de dx !” juron remplaçant “fi’d’putain” (An 1929), jeu de mots sur la formule d’intégrale sj(x) dx

dalle : (n. f.) groupe élu des dix anciens considérés comme les plus grands buveurs (An 1926); étymologie : de “dalle du cou” : gosier ; mots dérivés: dalliste : (n. m.) buveur élu : roi, vice-roi, …, baron, chevalier (An 1926)

dansance : (n. f.) danse (Li 1928)

débouchement : (n. m.) coup de pied au derrière (An 1875) ; étymologie : de “déboucher quelqu’un”, lui ouvrir l’esprit

décale : (n. f.) départ en vacances (An 1878, Ch 1905, Ai 1922, Pa 1929), “la Sainte Décale” ou “la Grande Décale” : départ pour les grandes vacances (1903); synonyme : fusance ; mots dérivés : se décaler : (v.pr.) s’esquiver au cours d’une promenade surveillée (An 1875) décalomètre (An 1903), décalom’s (Pa 1929) : (n. m.) calendrier artistique qu’un conscrit exécute pour un ancien, ou ruban de 150cm (1910), ou inscription murale (1927) qui servent à compter les jours avant la Grande Décale

déc’s : (n. f.) départ (Cl 1910)

déc’ser : (v. intr.) partir

déconnage : (n. m.) discours, rédaction (X 1896), mais les variantes désignent un jeu ironique imposé au conscrit (An 1949); variante : déconnance (Ai 1910) (n. f.) déconnante (An 1903) (n. f.), déconn’s”’ (Ch 1905) (n. f.)

dégauchir : (v. tr.) éduquer, dresser, initier, “le controleur a besoin d’un coup de dégorgeoir : on le passera sur le marbre pour le dégauchir” (Ai 1929)

dégau : (n. f.) machine à dégauchir

dégueulance : (n. f.) pensum littéraire infligé à un conscrit (Ch 1891); variante :‘dég (Ch 1878), dégueulante (An 1882) et dégueul’s pour un discours mortifiant adressé aux conscrits (An 1903)

dégueulée : (n. f.) purée de pois (Ch 1891)

dégueuloir : (n. m.) (1) cuveau qui reçoit les déchets de table au réfectoire, “effcer le dégueuloir!” (An 1909); synonyme : corbillard et plat-à-fin’s; (2) assiette; mots dérivés : dégueul’s : (n. m.) repas au réfectoire (Cl 1928) [voir aussi fin’s]

déguster : (v.intr.) prendre le repas, “le tap’s roulant vous mène déguster” (Ch 1869); mots dérivés :dégustante (ou déguste) : (n. f.) repas (Ch1878), “les Lundis, Mercredis, Vendredis, sale déguste sans viande; les Samedis, chic déguste et grande pionce” (Ch 1878) dégustoire : (n. m.) réfectoire (Ch 1878)

délivrance : (n. f.) fin du temps d’école, “fête de la délivrance”: réjouissance marquée par un monôme en sinusoïde … etc (An 1903)

dépuceler : (v. tr.) “dépuceler sa casquette” : en enlever la coiffe (Ch 1910)

dérouille : (n. f.) atelier d’ajustage (Ch 1878, An 1888, Ai 1898, Li 1921, Pa 1929); variante : dérouillage : (n. m.) (An 1875); mots dérivés : dérouillé : (n. m.) celui qui a subi des brimades, “définition du conscrit : dérouillé de nouveau” (Ai 1929); étymologie : l’ajustage d’une pièce comprend parfois des contraintes dérouilleur : (n. m.) ajusteur (1891)

descript, descro : (n. f.) (Cl 1910, Li 1924, An 1927, Pa 1929) géométrie descriptive

dess : (n. m.) dessin (croquis ou matière enseignée) (An dès 1856)

dévisser : (v. tr.) (1) agir ou travailler vite (Ch 1878), “le prof, à l’amphi, a dévissé!” : a parlé trop vite (Ch 1893); (2) se montrer plus généreux, moins serré, “du café! La stration s’est dévissé de 15 tours!” (An 1929); mots dérivés : dévissante & dévisse : (n. f.) célérité, “le major en dévisse” : le plus vif au travail (Ch 1893); “se frusquer à toute dévisse” (An 1910)

dévisseur : (adj.) vif au travail (Ch 1878)

dézinguer : (v. tr.) démolir (An 1903)

dort’s : (n. m.) dortoir (Li 1929)

drap’s (Li 1911) & drapzarts (An 1910) : (n. m.) drapeau national

E
eau : (n. f.) cognac (An 1856)

échelle : (n. f.) symbole du temps passé à l’École, “jusqu’aux 508, le viscrit monte l’échelle” (An 1903), “les 508! On descend l’échelle” (Li 1929)

efcer : (v. tr.) (1) faire circuler, “ton livre, les gars le efce aux quatre coins du monde” (An 1910) (Pa 1930); (2) passer, donner : “efce ton couteau!” (An 1925); (3) expulser, “efcez la brute!” (An 1929) ; (4) démolir, “on n’a pas efcé la chapelle de l’école”(An 1903); (5) circuler, “et tout en efçant, le paquet s’endommage” (An 1910); étymologie : prononciation du sigle F.C. (faire circuler); mots dérivés :efçante : (n. f.) circulaire (An 1910), efçance : (n. f.) mise en circulation (Ai 1929)

élect (Ai 1929) électro (An 1909) électraque (Cl 1910, Li 1921, Pa 1929) : (n. f.) électricité, “télégriphe électraque” (1888)

élève de première année : (n. m.) élève ancien c’est-à-dire de 3 ème année, par l’intervention qui est de règle à la Saint-Eloi (Ai 1930), il n’est pas dit conscrit car un théorème démontre que conscrit est incompatible avec ancien [apparemment ce théorème a été perdu, puisqu’à la St El’s on a de nos jours des conscrit d’un jour]

ém’s : “toile ém’s” : toile émeri (An 1927), “astiquer à la toile ém’s un mètre de rail, rue de Béthune” (Li 1929)

èm’s : (n. f.) malle, “caisse-èm’s” : caisse-malle pour les effets, faite par un élève de la promo précédente, et que le détenteur emporte à sa sortie (Ai 1908, Cl 1929)

em’s : (n. f.) musique, “réveil en em’s, rentrer dans l’Em’s” (An 1909) [le dernier Em’s désigne apparemment la mécanique]

enfoiré : (n. m.) imbécile, “J. n’est pas un enfoiré pour les essais de chauffe” (Cl 1932) [le mot était déjà courant depuis 1905, mais la citation valait tout de même le détour]

engrenage : (n. m.) “passer aux engrenages” : faire passer un délateur entre les élèves de la promotion alignés sur deux rangs, qui le frappent du poing (An 1859)

engren’s : (n. m.) engrenages

engueulo : (n. m.) réprimande (An 1910)

Enterrement de la mécan’s : (An 1897) cérémonie gaie, cortège burlesque fêtant la fin d’un cours nommé aussi “retraite de mécan’s” (An 1898); “enterrement de l’Em’s ” (An 1910); “enterrement du num’s 1,2,3″… (Ch 1905, Ai 1910, An & Cl 1929)

épicier : (n. m.) chef d’atelier parcimonieux dans la distribution des fournitures (Ch 1891)

ep’s : (n. f.) “salle d’ep’s” : salle de police (An 1903); synonyme : mazaro

équerre : (n. f.) (1) “faire l’équerre” : longer les murs en respectant tous les angles du parcours conduisant à l’atelier, devoir du conscrit, rite de viscrit et d’ancien (Ch 1910, An 1927); (2) “grande équerre” (Ai 1919), “grande éq’s” (Pa 1929), ou “équerre” : moitié de la scolarité célébrée par l’inversion des gestes (Ch 1909) ou par une revue théâtrale (An 1911); (3) “d’équerre” : à mi-durée, “le décalomètre est d’équerre, le départ à lieu dans 75 jours” (An 1910)

équipe : (n. f.) “Equipe du Grand Amphi” (Ai 1919) : les 13 noms qui ornent les murs du grand amphi : 5 “avants” dont Lavoisier, 3 “demis” dont galilée, 2 “arrières” dont Gay-Lussac, 1 “but” Archimède et 2 “arbitres” dont Pascal

estime : (n. f.) sympathie accordée et votée à un élève par ses camarades de prom’s (An 1910)

étalon : (adj.) parfait, “une cuite étalon!” (An 1910)

étoile : (n. f.) (1) monôme dessinant, en sens gadzarique, une étoile à six branches, autour de la statue de David (An 1929)

EX : (n. m.) (1) ancien élève, c’est-à-dire, élève qui a achevé son temps de scolarité (Ch 1869); le jour des 508, on écrit au dos de sa veste “EX 508” (Cl 1910); le 4 Avril EX=100±r (An 1926); (2) “EX!” : cri au sortir de la dernière planche (An 1903); (3) signifie “hélas!” : cri lugubre au réfectoire quand se brise verrerie ou faïence (Ch 1905, An 1929) ; mots dérivés : exer (v. tr.) : briser (1930) exance : (n. f.) fin de la scolarité (Ch 1901), “l’exance vient pas vite, l’exance vient pas fort” (Cl 1910) exançoïde : (n. f.) courbe de la scolarité, “l’exançoïde est une spirale qui s’infléchit à chaque décale…” (Li 1926) [extrait d’une chanson bien connue]

exam : (n. m.) examen (Ai 1910) [existait ailleurs en 1880]; variante : exam’s (An 1909, Pa 1928)

exempette : (n. f.) salle où reste l’élève exempté d’atelier, soit 1 jour, soit 5 heures (An 1909); variante : exemplette en 1929

exhib’s : (n. f.) match (Ai 1929)

F
famille : (n. f.) trio formé du cuscrit, du viscrit et du conscrit qui ont même numéro à l’admission (Ch 1893), le cuscrit a le véto contre une brimade exagérée

fantaisie : (n. f.) (1) fantaisie dans l’uniforme, “fantaisie tu ne porteras…” (1910); (2) fantaisie en général, “quelle fantaisie! Tu désaxes mon plan” (1929)

fantaisie : (adj.) (1) neuf et propre (Ai 1910) ; (2) abracadabrant, “match, montage de T.S.F., rêve fantaisie” (An 1929)

fay’s : (n. m.) (1) haricot (An 1909; (2) note 0 (An 1929) dite aussi melon

feinter : (v. intr.) manquer, faire défaut “Ça feinte en masse” (Ai 1929)

fesk : (n. m.) shako tronconique rigide (An 1956), sans visière (Ch 1855-90), casquette (Ai 1910, Cl 1929) ; (feski : suffixe russe que favorise la Guerre de Crimée, à partir de fessi qui est un bonnet de laine à Saint-Cyr en 1837); étymologie : du fez, le bonnet des chasseurs d’Afrique (1836)

fifrel’s : (n. m.) orteil (An 1929)

fignolante : (n. f.) (1) brandebourg de fantaisie, fait de la tresse rouge des pattes d’épaules et porté à la première boutonnière de la veste d’uniforme (Ch 1869, Cl 1932) ; (2) cordon porté à la ceinture par les cuscrits (Ch 1930) ; étymologie : fignoler, raffiner (1743) ; variante : fignol’s (Ch 1871), fignosser: (v. tr.) doter de la fignol’s (Ch 1871, Li 1905), le conscrit est fignossé, après “purgatoire” et “revue” aux Fignoss (fête de Janvier) [à l’époque]

fin’s : (n. m.) menu de fête, au réfectoire (An 1903) [voir aussi dégueul’s]; mots dérivés : fin’ser : (v. intr.) banqueter entre anciens élèves (1930); fin’seur : (n. m.) bonne fourchette (1929); demi-fin’s : (n. m.) menu de fête mineure, “aux roix, demi-fin’s : vin bouché mais sans volaille” (1875); plat-à-fin’s : (n. m.) cuveau pour les déchets de table (1875) ; synonyme : dégueuloir et corbillard

flahute (ou flahu) : (n. m.) élève de la bande du nord (Ch 1891); étymologie : il faut entendre “homme aux longues flaütes (mot flamand pour dire jambes)”

Flaque : (n. f.) atelier des forges; synonyme : La Clouterie; “être de flaque” : frapper devant, ou forgeur 1 jour sur 2 (Ai 1919) ; mots dérivés : flaquer : (v. intr.) forger (Ai 1929); flaquard (Ai 1909) & flaqueur (Ai 1929) : (n. m.) forgeur; flac’s : (n. f.) forge (Li 1926); flac’seur : (n. m.) forgeur (Li 1926) ; étymologie de “flaqu” : foirer, briser du wallon “flacher” ; étymologie de “flac” : onomatopée d’un coup retentissant

flaquer : (v.tr.) ne pas travailler (Ai 1910) ; mots dérivés : flaquance : (n. f.) fainéantise (Ai 1910),flag’sard : (n. m.) paresseux, “Saint Samedi! patron des cossard, des flag’sard, des ramollis!” (Ai 1885)

foin : (n. m.) salade (An 1909) ; synonyme : fourrage

fondance : (n. f.) atelier de fonderie (Li 1921, Pa 1929) ; synonyme : chinepaverie et lapinerie; mots dérivés : fondanceur : (n. m.) élève à la fonderie

fouine : (n. f.) furetage, “aller à la fouine”; explorer tout, caves, combles, cours interdites (An 1856)

fourchetter : (v. tr.) (1) interroger au tableau (Ai 1908); (2) (v. intr.) discuter, “on a fourchetter sec sur l’attitude à prendre” (Ai 1929); mots dérivés : fourchette : (n. f.) colle au tableau (Ai 1908)

fourchettance (n. f.) (Ai 1910) & fourchetage (n. m.) (Ai 1929) : “contrainte” consistant en questions captieuses; fourchettard : (n. m.) élève interrogé (Ai 1910)

fourrage : (n. m.) salade (Ai 1909), “fourrage prussien” : choucroute (Ai 1909); synonyme : foin

fourrier : (n. m.) élève classé 2ième dans sa promotion, “fourrier de la stration” (An 1910), “le fourrier en estime emporte la pipe de promoss'”(Pa 1929)

fout : (n. m.) football (Ai 1909) [première utilisation du terme malgré l’orthographe]

from’s : (n. m.) (1) fromage (An 1856); synonyme : bitou ; (2) crasse (An 1856)

fromage : (n. m.) (1) casquette d’uniforme (Ai 1910, An 1929); (2) élève suivant les cours normal des Arts (de math et d’atelier) (An 1929), c’est un quasi instituteur

fuiter (v. intr.) ou se fuiter : s’échapper de l’école la nuit (An 1903)

fumasse : (n. f.) “en très grande fumasse” : en colère (An 1929); se dit aussi fum’s

fum’s : (n. f.) femelle, “bûcher les fum’s” : fréquenter les personnes du sexe (Ai 1910)

fuser : (v. tr.) sortir (Ai 1908) ; mots dérivés : fusance : (n. f.) départ, “le monôme de la fusance de Noël” est marqué par un défilé, avec lanternes dans les rues de Marseille (Ai 1905); “Grande Fusance” : sortie de l’École (Ai 1905); synonyme : décale

fusançomètre : (n. m.) calendrier des vacances scolaires (Ai 1910) ; synonyme : décalomètre

fusil : (n. m.) joli garçon loyal, “si tu es fusil, je ferai de toi mon chouchou” (An 1849-78) ; variante :fusibole (An 1875)

fusions : (n. f. pl.) réunion des 3 promotions autorisée le Dimanche, occasion de fourchettance (Ai 1908)

G
gadzart (ou gad’zart)‘ : (1) (n. m.) élève des écoles d’A.M. (An 1849, Ch 1855), “une fignoss à la gadzart” ; étymologie : contraction de “gars (mots du nord-ouest) des arts”; (2) (adj.) relatif aux écoles d’Arts &Métiers, “l’esprit, la fraternité gadzart” (1903); mots dérivés :

    gadzarien (Ch 1889), gadzarique (An 1909), gadz (Ai 1918, Cl 1929 à une cérémonie funèbre) : (adj.) digne des arts; gadzariquement : (adv.) comme aux Arts (Ch 1910); gadzarisme : (n. m.) âme, esprit des Arts (1929)

gallouray : (n. m.) haut-de-forme porté par le directeur et le sous-directeur (Ch 1910); étymologie : la chaudière Gallouray, décrite en cuscrit dès 1891, a un tube tronconique dont la longueur atteint six fois le diamètre moyen

gapette : (n. f.) casquette (An 1929); étymologie : étoffe gapée, chiffonnée

gaspard : (n. m.) (1) élève puni de prison (An 1856), oublié entre 1885 et 1888, “je fus le premier gaspard de la 75-78” (un ex-élève en 1930); (2) prison dite “Don Gaspard” (An 1849); étymologie : rat apprivoisé en prison (soldat 1833) [mais il existe bien d’autres significations]

gaspe : (n. f.) prison, “trois gaspes : la lampiste(rie), la demi-ronde (au mur incurvé) et le coq (local dont le soupirail permet de voir le coq du clocher de la trinité)” (An 1856, oublié après 1903)

général : (n. m.) cuscrit élu en viscrit et qui en Janvier passe la revue aux Fignoss (Ch 1895) [voir aussi colonel]

géom’s : géomètrie (Cl 1910, Pa 1930)

gitop’s : (n. f.) espadrille (An 1903), chausson convenant aux expéditions de nuit (An 1909), pantoufle (An 1930); étymologie : altération de chi-top’s : Ch. T. (An 99-102), dit Bronchite, est surnommé Chi-Top’s à pied après sa victoire dans une course à pied, qu’il doit à ses espadrilles glacière [La] : (n. pr.) l’un des deux dortoirs des viscrits (An 1882); étymologie : dortoir froid, où l’on monte (formule chimique O7IO) par 72 degrés

gober [se] : (v. pr.) avoir une haute opinion de soi-même (= se croire) (An 1856)

godillot : (n. m.) (1) soulier de tout genre (Ch 1869); étymologie : par analogie avec le “brodequin” militaire, manufacturé par A. Godillot (1816-1893); (2) ingénieur en chef de l’école (Ai 1908); étymologie : à cette date, le titulaire du poste est ex-technicien d’une fabrique de chaussure ; mots dérivés : godasse : (n. m.) ingénieur, “le zacul fait devenir godasse”(Ai 1912); le “haut-godassat” (n. m.) fonction d’ingénieur en chef (Ai 1919)

goguenot : (n. m.) planchette à trous pour le savon d’établi (Ch 1866)

gog’s : (n. m. pl.) lieux d’aisances (Ai 1916) [le terme viendrait de Saint-Cyr]; étymologie : en Normandie, le goguenot est un pot à cidre; mots dérivés : gog’ser : (v. intr.) aller aux lieux (Ai 1919) [voir aussi les baquets et bin’s]

gonflé : (adj.) plein d’orgueil (An 1849)

GORGU [le] : (n. pr.) (1) Dieu des gad’zarts (Ai 1919), matérialisé à la fonderie de l’école, par le buste de Peiresc, il s’incarne aux “100 jours” pour laïusser; étymologie : ce fut d’abord en 1898, le surnom de Ch. Saint-Gorgon (promo 59, + 1908), professeur de dessin et de technologie (1875-1901), qui était grand et majestueux; (2) le veilleur de nuit (Ai 1929) [quel déchéance!]

goupille : (n. f.) petit travail d’atelier, par exemple une clé (An 1855)

gradante : (n. f.) aux Arts, groupe des dix premiers élèves entrés : sergent-major, sergent-fourrier et quatre autres, ainsi que quatre caporaux (Ch 1891), inexistant à Angers 1859, périclite en 1903 vu la suppression des gallons [à Saint-Cyr, il existe la gradaille]; “gradante en estime” : groupe de dix camarades (major, fourrier et autres), élèves à l’ascension comme dévoués aux traditions et intérêts des gadz (An 1910); “gradante verte” : les dix derniers de la promo (Ch 1905) [voir aussi culotte]

grattante : (n. f.) déssablage des pièces moulées (Ch 1878)

grincher : (v. tr et v. intr.) voler (An 1856, Ch 1869)

grugeur : (n. m.)  économe (Ch 1869)‚ agent comptable (Ch 1879), l’économe étant devenu merluchon

gueul’s : (n. f.) figure de géométrie, de technologie (An 1903)

guinzutte : (n. f.) (1) petit local, “guinzutte du concierge, du coiffeur, de l’outilleur” (An 1849-03); (2) prison (An 1849-03); étymologie : mot angevin “guinguette” librement suffixé. . .

H
hyperminable : (adj.) plus que minable (An 1929)

I
infirm’s : (An 1903, Pa 1929) infirmerie

infusoires : (n. m. pl.) au réfectoire, table des 10 plus petits de la promotion (Ch 1869)

intégrer : (v.tr.) mettre dedans, “un gars intégré le Dimanche” : privé de sortie, bouclé (Ai 1910), “intégrer du champagne” : en boire (Cl 1929); étymologie : le calcul intégral refait entier un nombre en y faisant entrer les différentielles; mots dérivés : intégrale : (n. f.) privation de sortie, “bûcher l’intégrale” : avoir une mauvaise conduite (Ai 1910)

J
jus : (n. m.) (1) vigueur, force, sève, “avoir du jus pour la révolte” (1903); (2) semonce (1903), “jus de chop’s” : engueulade (An 1910)

juteux : énergique (1903)

K
kép’s : (n. m.) (1) képi (An 1856, Ch 1878) ; (2) “jus de kép’s” : café (1910), cette expression subsiste bien que la casquette type “chauffeur” ait remplacé le képi depuis 1900

kilo : (n. m.) litre de vin (expression déjà populaire en 1878); mots dérivés : kil’s (An & Cl 1909), kil’ser : (v.tr.) boire, kil’seur : (n. m.) buveur

L
lancier : (n. m.) élève le plus grand de la promo (Ch 1855-10); dans l’ordre de taille, on a le 2ième, le 3 ème lancier…; synonyme : cheval, cham’s et canass’ ; mots dérivés : la lance : (n. f.) ensemble des élèves les plus grands

lapin : (n. m.) (1) élève à la fonderie (An 1875-10); étymologie : il travaille accroupi dans le sable des moules; (2) camarade d’école issu de Paris ou de la Seine (Ch 1893); étymologie : plaisanterie sur Garenne; mots dérivés : lap’s : (n. m.) (1) parisien (Ch 1905); (2) morceau de bois pour le feu (Cl 1910); étymologie : altération de lopin;

lapinerie : (n. f.) atelier de fonderie (An 1875-30) ;synonyme : chinepaverie et fondance

lèchecuter : (v. intr.) flatter (1929); on dit aussi cuter

liquette : (n. f.) chemise, “monôme en liquette” : la chemise sur le pantalon (1929)

lolotte : (n. f.) capote d’uniforme, succédant à la tunique en 1879 (An 1908, oublié vers 1920)

lopin : (n. m.) maladroit (Ch 1869); étymologie : le lopin est une masse de fer mal dégrossie, la tailler en facette est le 1ier travail donné au conscrit

loufante : (n. f.) vesse, loufe (An 1929)

loup : (n. m.) malfaçon, faute, erreur, pièce manquée (Ch 1932) [terme aussi utilisé dans la métallurgie] ; mots dérivés : se louper : (v.intr.) se tromper (An 1903)

loup’s : (n. f.) lampe (Ai 1930); étymologie : diminutif de loupiote vient de loupe, qui est une chandelle de résine (XVIIIième); mots dérivés : loup’ser : (v.intr.) allumer sa lampe (Ai 1930)

lourder : (v. tr.) renvoyer de l’école (Cl & Ai 1929)

M
macaron : (n. m.) emblème ornant la casquette d’uniforme (An 1930)

macaron’s : (n. m) rivoir à tête carrée (An 1909) ; étymologie : calembour sur “Rivoire & Carret” : marque de macaroni

machefer : (n. m) (1) atelier de forge (Ch 1893) ; (2) élève de la forge (Ch 1893) ; étymologie : le machefer est la scorie des foyers

machine soufflante : (n. f.) souffleur de théâtre (An 1930)

machine à chanfreiner les pans de jaquette : (n. f.) (Ch 1893) [célèbre sujet paillard d’épure]

major : (n. m.) (1) élève reçu 1ier, il a un droit de véto sur les brimades (Ch 1893); (2) “major à la dérouille” et “major d’at’s” : le meilleur en ajustage à l’atelier (An 1929); (3) détenteur d’un record, “major cham’s” : le plus grand (Pa 1929), “major en arp’s” : qui a les plus grands pieds (An 1903), “major en dévisse” : élève le plus expéditif (Ch 1893) ; mots dérivés : majorat : (n. m.) qualité des majors (Cl 1910)

mannequin : (n. m.) camarade qui à la forge, fait le frappeur (Ch 1869); étymologie : son rôle est celui d’un pantin, son geste celui d’un jaquemard [???]

manochon : (n. m.) manillon, as (An 1910); variante : magnochemagnochon

marcassin : (n. m.) Ardennais, sanglier des Ardennes (Ch 1869)

marécageux : (adj.) stupide (An 1856, Ai 1929)

Marie-Louise : (n. pr.) la cloche de La Clouterie (An 1910)

mastic : (n. m.) besogne , “chier sur le mastic” : abandonner l’ouvrage en cours, tout planter là (1855)

matelot : (n. m.) camarade élu (An 1856)

math’s (An 1856), matiques (Ch 1855, An 1856) : (n. f. pl.) mathématiques

mayonn’s : (n. f.)  semaine (An 1929) ; étymologie : depuis 1910, une sauce mayonnaise apparaît chaque Mercredi ; méli-mélo d’objets, d’explications, pot-pourri musical (An 1929); mots dérivés : mayonn’ser : (v. tr.) mêler, “mayonn’ser les cartes” (An 1929)

mazaro : (n. m.) salle de police de l’école (Ch 1869); qui deviendra mazas : ancienne salle de police de l’école (1887-92); synonyme : salle d’ep’s

mécan : (n. f.)  mécanique (Ch 1893); machine, “circuler parmi les mécan'” (Ch 1893); mots dérivés : mécan’s (An 1897)

mégadrap’s : (n. f.) période de trois semaines (1928), c’est la périodicité du changement des draps de lits

mégo : (n. m.) électricité (vient de X) ; étymologie : abréviation de mégohm; il a donné le calembour “ramasseur de mégos” : électricien (1929)

mégohm’s : (n. f.) cours de chimie (An 1908), étymologie : c’est le surnom du professeur de chimie en conscrit

mégot : (n. m.) surnom d’un homme de petite taille (Ai 1919) ; étymologie : bout de cigare

melki : (n. m.) corde, “par la fenêtre le melki se déroule (pour l’escapade nocturne)” (An 1908), ficelle (An 1930), étymologie : merlin, cordage nautique, supposant merlki, suffixé comme feski

melon : (n. m.) tête de sot (An 1849), “piquer un melon” : note 0 (An 1856)

méninge : (n. f.) jeu de mots (An 1903) ; étymologie : spacope de méningite

merde : (n. f.) examen “demain, merde de mécan’s” (1921); étymologie : extension du sens de piquer une merde : avoir un 0

merdoyer (1903) & merder : (v. intr.) (1) ne savoir que répondre à une question, “merder à bloc” (1909); (2) peiner pour comprendre, sans résultat (1919)

mérinos : (n. m.) mouton, “fayots-mérinos” (Ai 1910)

merluche : (adj.) se dit de ce qui est fourni par l’école, “mouchoir merluche” (Ch 1930); étymologie : de merluchon, le surnom de l’économe (Ch 1878), merluch’ (Ch 1910, Li 1928)

meute : (n. f.) ensemble des surveillants (Ai 1890, An 1914)

mib, mible, mibre ou mipe : (n. m.) énigme, problème facétieux proposé au conscrit, “faire un mible” (An 1849-59, disparu en 1875)

mibleur : (n. m.) farceur (An 56)

miche : (n. f.) (1) zéro, “piquer une miche” (Ch 1869); étymologie : une miche de pain est ronde; (2) “bûcher la miche” : soigner sa toilette (Ai 1920); étymologie : à Marseille un miché est un garçon élégant

mil’zarts : (n. m.) cours de morale (An 1909); étymologie : enseignement voulu par le ministre Millerand en 1899

mi-temps : (n. f.) [voir 508] (Ch 1905, Li 1910)

mod’z-au : (n. m.) modèle de menuiserie (An 1927); étymologie : de “modèle au naturel”, sobriquet d’un élève ayant posé pour un peintre

molardante : (n. f.) lettre avisant les parents d’une punition, “1 cage, 1 molardante, 2 cages, 2 molardantes, 3 cages, la saquante” (Ch 1893)

moll’s (n. m.) oeuf, omelette (An 1903-09) “des moll’s durs” (An 1903); étymologie : dérivé “d’oeuf mollet”

monôme : (n. m.) (X 1878), passé aux Arts en 1909; étymologie : désignait en 1861 un élève qui occupe seul sa chambre

morp’s : (n. m.) le plus petit de la promo (An 1877, Ch 1891)

mort : (n. m.) “mort au champ d’honneur!”, saqué, exclu après une révolte (An 1903)

mouton : (n. m.) (1) gadzart champenois, “bande des moutons!” (Ch 1855); (2) gadzart de promotion pair (Ch 1905); synonyme : agneau [voir aussi canaque]

muette : (n. f.) célébration de l’anniversaire d’une révolte par une journée de mutisme complet (Ai 1929)

mule : (n. f.) réfectoire des adjudants (Ai 1875-92)

mulet : (n. m.) élève de haute taille, mais plus petit que le cheval (An 1875), “dortoir des mulets” (An 1905)

mumu : (n. m.) “chatouiller le mumu” : chercher l’extrême minutie dans les travaux d’ajustage, de précision (An 1929); étymologie : m² est un micromicron

musard : (n. m.) instruction religieuse (Ch avant 1868-81); étymologie : surnom de l’aumônier

N
naïade : (n. f.) (1) blanchisseuse de l’école (An 1903-09), devenu désuet en 1920, avec le blanchissage mécanique; ‚ lingère (par extension) (An 1909) ; synonyme : nymphe

nasticot, nasin : (n. m.) nez (Ai 1928)

négatif : (n. m.) inverse, “chevaux négatifs” : les dix plus petits et “mulets négatifs” (Ai 1875); mots dérivés : négat’s : (n. m.) dernier (An 1903)

nègre : (n. m.) (1) agrément sans égal “on sort! c’est le nègre!” (An 1903); (2) (adj.) agréable au suprême degré, “un atelier nègre” (An 1902); étymologie : “le nec plus ultra” devenu “le nègre Pisistrate”

Noir [Code] : (n. pl.) recueil des plus graves traditions (Ai 1929)

normalo : (n. m.) élève d’une école normale primaire (Ai 1910)

num’s : (n. m.) (1) numéro, matricule d’entrée à l’école (1900); (2) fascicule de journal (1900); (3) chiffre de l’année de scolarité (num’s 1, 2, 3), porté au képi jusqu’en 1903; (4) “brûlage du num’s” (Li 1911) ou “enterrement du num’s” (Cl 1930) : fête de fin de conscrit ou de viscrit; “au banquet d’EX, on arbore le num’s 1.2.3.” (Ch 1910) “et 2.2.3. si l’on a redoublé en viscrit”

nymphe : (n. f.) lingère entretenant les trousseaux (An 1909, Li 1921); synonyme : naïade

O
oc’s : (n. m.) cul ; “en avoir plein l’oc’s” : être excédé (An 1929); étymologie : de c’s

ognes (ou oignes) : (n. f. pl.) pieds; “bain d’ognes” (Ch 1969); étymologie : “ognes” et “onglye” désignent les ongles des pieds et des mains; mots dérivés : ognons : (n. m. pl.) pieds; “Crispin les ognons” : surnom d’un adjudant aux pieds difformes (Ch 1855); voir aussi Zognes

oiseau de la mort : (n. m.) concierge du directeur (Ch 1889); étymologie : c’est lui que le directeur envoie chercher l’élève passible de renvoi

omelette : (n. f.) “coup de pied à l’omelette” : coup de pied au postérieur, donné du travers du soulier (An 1849-59)

P
P d’ep’s : (n. m.) pas (apocope de compas) d’épaisseur (Cl 1910)

P.S. : (n. f.) privation de sortie (An 1910)

paillasson : (n. m.) cadet en ancienneté (dit aussi paillass’), viscrit pour l’ancien, conscrit pour le viscrit (An 1911, Li 1921, Cl 1929); étymologie : mot dédaigneux, signifiant “gadzart d’humeur encore instable”; mais en 1911, l’appliquer au conscrit passe pour une usurpation du viscrit; ce qui donna paillasse : (n. f.) ensemble des paillassons (An 1929)

panam’s : (n. m.) képi (An 1875), casquette (An 1909), chapeau (1910), béret basque (1929); “Mère Panam’s” : la chapelière de la rue Hoche à Angers (1908)

panante : (n. f.) (1) chapardage (An 1903, Ch 1905) ; (2) fait d’être pris en faute, “tuss à la panante” (An 1903, Ch 1905); (3) punition (Cl 1910)

paner ou panner : (v. tr.) (1) chaparder, “me paner mon équerre!” (Ch 1893); (2) prendre en faute, “paner à bouquiner” (Ch 1893, An 1905) ; étymologie : du provençal “panar” qui signifie voler, attraper

papa : (n. m.) directeur qui qualifie les élèves “ses enfants” (Ch 1869, An 1927)

pap’s : (n. m.) papier (1856), “du pap’z-à-ch(iotte)” : du papier hygiènique, et le “papzach” : le diplôme d’ancien élève (1904)

parrain : (n. m.) ancien se choisissant un conscrit pour filleul (Ai 1908)

patin : (n. m.) joli garçon, “major patin” (Ai 1910), c’est-à-dire “patinable”, pelotable (Ai 1910)

patte de crap’s : (1871) contre épaulette (abolie en 1900, porté en 1909 par fantaisie)

paveur : (n. m.) fondeur (Ch 1869) ; étymologie : il prépare ses moules dans le sable à coup de fouloir ; ; mots dérivés : paverie : (n. f.) atelier de fonderie (Ch 1869); synonyme : chine, fondance et lapinerie

pavante : (n. f.) travail du fondeur (Ch 1876)

pékin : (n. m.) quidam étranger à l’école (1903); mots dérivés : pék’s : (n. m.) non-gadzart (Ch 1910, Ai 1929)

pélican : (n. m.) (1) directeur de l’école (Ch 1866) ; étymologie : le directeur G. (dit “Papa”) qui touche un forfait pour l’alimentation, parle en 1866 de ses privations, de ses “entrailles de père”; mots dérivés :pélo & pél’s (Li 1921-30)

sous-pélic : (n. m.) sous-directeur (Ch 1910); (2) poulet (An 1909)

pente : (n. f.) descente de rang au classement; “13ième, puis 15ième, j’avais piqué une pente” (An 1875)

perdreau : (n. m.) cours de mathématiques, professé par Monsieur Drot (An 1909)

perm : (n. f.) autorisation; “perm de bûcher Cythère” donnée au conscrit par 7 cuscrits (An 1927)

perm’s : (n. f.) sortie autorisée (1929)

perruque : (n. f.) travail qu’un ouvrier exécute pour soi, pendant son temps de présence à l’atelier, souvent même avec des matériaux détournés : “un outil fait en perruque” (An 1856) ; étymologie : en 1833, “faire le poil” ou “faire la queue à quelqu’un” signifie le gruger; mots dérivés : perruquer : (v. intr.) travailler pour soi en fraude (Pa 1930)

phéno : (adj.) phénoménal; “cagib’s phéno haut, engin phéno gazé, laïus phéno pondu” (Ai 1919); variante : phénotrans : (Ai 1929)

phénom’s : (adj.) transcendant (An 1910)

j: “tangente j” (n. f.) décale, départ en perspective (Li 1925) [voir aussi tangente]

photo : (n. f.) vitre munie d’un volet à glissière, qui, de la boquette de l’adjudant, donne vue sur le dortoir; “Vess à la photo!” (An 1888)

pierrot : (n. m.) élève de 2ème année (Ai 1866-30)

pieut’s : (n. m.) lit (Cl 1929); mots dérivés : se dépieuter : (v. pr.) sortir du lit (An 1903)

pif : (n. m.) homme à grand nez (An 1875)

pigeoir : (n. m.) judas vitré (Ch 1869)

piler : (1) (v. tr.) fouler au pied; “piler les arpions” (An 1875); “piler les zoignes” (Ch 1887, Ai 1910); (2) (v. intr.) courir, se hâter (An 1910)

pilage : (n. m.) & pilante (n. f.) : hâte (An 1910)

pim’s : (n. m.) très faible quantité, poil; “un pim’s de pain” (An 1903); “le pim’s est l’unité de “RE”” (An 1909); “poilsé au pim’s” : parfait (An 1929)

pin’s : (n. m.) haut d’amphithéâtre (An 1903); étymologie : de pinacle

pintance : (n. f.)  boisson (Li 1910); obligation pour qui a été reçu nième, de boire le vin de ses 8 camarades de table, le nième jour avant la décale (Ch 1910)

pionce : (n. f.) “grande pionce” : nuit prolongée d’une heure, le dimanche (Ch 1869) ; mots dérivés :pionçoir : (n. m.) dortoir (1869)

pip’s : (n. m. et f.) pipelet(te) (Ch 1891) [le lien qui s’est fait avec nos concierges actuels peut se comprendre sans explication]

piper : (v. tr.) (1) prendre sur le fait (An 1856); (2) comprendre, “piper un amphi” (Ch 1893); mots dérivés : pipance : (n. f.) faculté de comprendre; “la pipance a sa formule “pp” que le conscrit ne peut analyser” (Li 1925)

pipin : (n. m.) directeur de l’école (Cl 1910-34)

pip’zarts : (n. pr.) surnom de L. professeur de physique à Angers de 1875 à 1885, et qui fut aussi porté par beaucoup de ses successeurs; étymologie : L. était polytechnicien, et aux Arts l’école polytechnique était appelée Pipo (1860)

piques-prunes : (n. m.) (Ch 1893) palier des combles, près du local des tailleurs, où l’on se donne rendez-vous pour les rixes; “aller sur le piques-prunes”; étymologie : à Paris vers 1830, ce terme désignait le raccommodeur de fond de culotte

pistoche : (n. f.) piscine pour la natation (Li & Pa 1929)

pistonner : (v. tr.) aidé par sympathie; “conscrit, je te pistonne!” (Ai 1910)

planche : (n. f) interrogation, “passer en planche”, “une planche prolongée” (1929 ; mots dérivés : plancher : (v. intr.) passer au tableau, être interrogé (1905)

planchage : (n. m.) interrogation (An 1910); planchable : (adj.) qui passera en planche bientôt (Pa 1929)

plaquer : (v. tr.) “coller” à une interrogation (Ai 1910)

poche! : (interj.) (1) il y a de la casse! (An 1856) ; étymologie : il faut comprendre “ta poche paiera!” (sur les 40F de “masse de poche” déposé par la famille); (2) chambard organisé; “petite poche” : chahut au dortoir; “grande poche” : chahut à la Sainte Cécile (An 1903-14, désuet en 1929); étymologie : la grande poche ne va pas sans casse de matériel

Poil! [A] : (interj.) aux Arts, la loi des mises à poil est appliquée à qui entre dans un dortoir étranger (An 1920), ou lance une astuce médiocre (An 1928)

poilser : (v. tr.) parfaire, réussir (An 1928)

poileux : (adj.) qui porte à rire (Ch 1893)

polochons : (n. m.) oreiller ; “poualochon” (An 1914) ; mots dérivés : polochonade : (n. f.) combat à coup de traversin (An 1910)

pomper : (v. tr.) imiter ; “pomper le sol” : se chauffer au soleil (An 1856)

pompier : (n. m.) élève le plus petit de la promotion (Ch 1891); étymologie : sa petitesse lui vaut la fonction de fournir du souffle, par le derrière, au cham’s qui laïusse en public; variante : pomp’s (Ch 1893) ; mots dérivés : sous-pomp’s (Li 1929) pomp’s prime (que l’on écrit pomp’s’) (Ch 1932) : élève presque aussi petit que le pomp’s

pondre : (v. tr.) fabriquer; “pondre une pièce de métallurgie” (1930)

ponte : (n. f.) calembour neuf, “frais pondu” (Ai 1919)

Populos [Les] : (n. pr.) l’un des trois dortoirs d’anciens (An 1903); aussi nommé Le Populo (An 1929) [voir aussi Les Aristos et Les Crèves-la-Faim]

porte-clés : (n. m.) membre de la B.N. qui garde les clés clandestines (An 1903)

potacolle (An 1849), potac (Ch 1893), potac’s (An 1875), potacseur (Pa 1930) : (n. m.) modeleur en bois; mots dérivés : potacollerie (Ch 1869), potacolle (n. m.) (ch 1869, An 1875), potac’s (An 1875-30, Li 1921, Cl 1930), potée (An 1875-30) : (n. f.) modèlerie ; synonyme : colle

poutre-à-c’s : (n. f.) règle à calcul (An 1927, Ai 1928, Pa 1930); synonyme : calcasse

prof : (n. m.) le terme est antérieur à 1890, et il serait apparu aux Arts en 1893; prof’s ,par contre, n’apparaît qu’en 1910 [et nulle part ailleurs]

promo : (n. f.) (1) existait à polytechnique en 1850, sinon Ai 1919, An 1924, Ch 1927, Pa 1930; par contre il existe le mot promoss (n. f.) promotion (Ch 1887, Cl 1891, An 1903, Li 1921, Pa 1929; (2) “pipe de promoss” : énorme pipe en bois achetée, par cotisation, que tous, en viscrit peuvent fumer (An 1903), puis pipe géante, usinée en potac’s et qui reste la propriété du fourrier en estime (An 1930)

p’s : (n. m.) (1) parent, “lettre aux p’s” : admonestation communiquée à la famille ; (2) pied, “loufer des p’s” : sentir des pieds; (3) pieu, “bûche-au-p’s” : étude poursuivie au lit; (4) plante, “Ji-des-p’s” : jardin des plantes (d’Angers); (5) pluie, “parap’s” : parapluie; (6) poil, “mise-à-p’s”; (7) poivre, “sel-et-p’s” : salière; (8) pou, “barbe-à-p’s” : barbu [je proteste!!!]; l’apparition de ses mots s’échelonne entre 1903 et 1930

pup’s : (n. m.) pupitre (An 1856, Ch 1889), “levée de pup’s” : manifestation bruyante pour conspuer quelqu’un, accompagnée de chants et de claquements rythmés (An 1903)

purgatoire : (n. m.) (Li 1909) audience où, le jour des Fignoss, 12 conscrits rouspèteurs se confessent à genoux devant 3 anciens, et sont “châtiés”

putrescible : (adj.) idiot, marécageux; “Chers Archis! Vénérable Anciens! Respectables Pierrots! putrescibles conscrits!…” (Ai 1929); mots dérivés : putride : (adj.) stupide, “conscrit putride !” (Ai 1919), “un motif putride” (An 1928)

Q
Quarante Cinq [à 45] : à demi-angle droit, “conscrit! Le panam’s tu porteras, à 45 humblement” l’ancien ayant seul droit aux 90 degrés (1905)

quignasse : (n. m.) (1) agent chargé d’un service au réfectoire (Ai 1890, Li 1921, Cl 1933); étymologie : dérivé de quignon (de pain); (2) “le chef des gnasses” : cuisinier (Ai 1920)

quinq’s : (n. f.) (1) lumière, source de lumière (bougie, lampe d’éclairage…) (An 1905); (2) oeil (An 1903) ; étymologie : de quinquet : oeil ; “faire quinq’s” : brûler; “le poste (deT.S.F.) fait quinq’s” (1929); mots dérivés : quinq’ser : (v. intr.) (1) regarder (An 1910); (2) rougir de pudeur, “il quinq’se comme le permanganate dans la flote” (An 1929)

Quinze [15] : “gueule de 15” : figure grimaçante (1903), dite aussi “gueule à 45” (1905); étymologie : les points 15, 30, 45 qui au jeu de paume [le tennis de l’époque], marquent un coup gagnant

R
rabattre des cop’s ou “en rabattre” : travailler dur (An 1875); étymologie : copeaux de menuiserie

rab : (n. m.) supplément de ration (1893); variante : rab’s (1919)

raboteuse : (n. f.) punition infligée au mouchard ou au chapardeur par les autres élèves, qui, alignés sur deux rangs, le font passer entre eux et le frappent du poing et du pied (An 1903, Cl 1910) [voir aussi engrenage]

racine de conscrit : (n. f.) élève préparant les Arts (An 1909); étymologie : quantité arithmétique non encore multipliée par elle-même

raclé : (adj.) privé de sortie (Ai 1875)

racler : (v. tr.) priver “racler un conscrit de savon noir” (Ai 1875)

radiner : (v. tr.) apporter, “radine un (paquet de tabac) z’a-16 (sous)” (Ch 1890)

radiner [Se] : (v. pr.) venir, rappliquer (An 1909)

rame : (n. f.) (1) fatigue après un gros effort, “avoir la rame” (1910); (2) flemme

râpé : (n. m.) employé de l’économat (An 1903)

rappel : (n. m.) deuil, anniversaire d’une révolte; le 4 Décembre (Ai 1895-25) et le 10 Décembre (Cl 1899-11); mots dérivés : rappeler : (v.tr.) commémorer (une révolte) (Ai 1895-25, Cl 1899-11)

rap’s : (n. m.) rapport fait à l’administration (An 1903) ; mots dérivés : rap’ser : (1) (v. tr.) signaler, “il s’est fait rap’ser” (An 1903) ; (2) (v. intr.) rédiger (An 1903)

raser : (v. intr.) être beau parleur “il rase salement bien !” (1893); étymologie : du sens “faire la barbe”

rat : (n. m.) surveillant (Ch 1855, Li 1903, Cl 1909, Pa 1929); “gros rat” (Li 1903) et “rat des rats” (Pa 1929) : surveillant en chef; “rat (ou caniche) de chauffe” : préposé au règlage et à la surveillance des chaudières de chauffage (Li 1929); étymologie : ellipse de “rat de quartier” utilisée pour désigner un adjudant, en effet l’emploi de surveillant a longtemps été tenu par d’ex-adjudants [voir aussi chien et caniche]; variante : raton; mots dérivés : ratance : (n. f.) ensemble des neuf surveillants (Ch 1893)

rat’s : (n. m.) ragoût (Li 1929); on dit aussi rat’z, “rat’z au pat’s” : aux patates (An 1875; mots dérivés :rat’zaux : (n. m.) pour ragoût (An 1903)

re ou reu : (n. f.) (1) supplément (Ch 1903), “tout enlevé, la reu est ce qui reste” (An 1909); “Dimanche, au réveil, reu de broquillons” (Ai 1929); (2) surabondance, grande quantité : “une reu de photos ont été prises” (Li 1929); étymologie : de “resucée”

rechange [de] : en second, en doublure, “tu seras musicien : triangle de rechange” (An 1875)

reftingue : (n. m.) réfectoire (Li 1921, Pa 1929)

rencaler : (v.intr.) revenir à l’école après les vacances (An 1903); mots dérivés : rencale : (n. f.) rentrée scolaire (An 1903) [voir aussi décaler]

renversement : (n. m.) pratiqué sur deux conscrits en bisbille : on les verse l’un contre l’autre pendant leur sommeil (An 1849-78)

repérer : (v. tr.) signaler à la sévérité du jury (1927) ; mots dérivés : repérage : (n. m.) cote fâcheuse (1927)

répèt’s : (n. f.) interrogation orale ou écrite (An 1893 & Ch 1893)

revanche : (n. f.) droit de brimer les anciens, accordé aux conscrits à deux dates : Noël et le Jour de l’An (An 1911)

révolte : (n. f.) refus de travail, avec chambard (1856-10); l’administration dit mutinerie

rince : (n. f.) supplément de sommeil accordé le Dimanche matin (levé 6h30 au lieu de 5h30), “piquer la rince” (An 1849) ; étymologie : apocope de rincette, alcool bu après le café. Une tradition établie en 1885-88, dit que le Major Larens obtint cette heure au prix de son renvoi. Le Samedi soir on crie “Vive Larens !” et on chante le couplet de Larens (1903), on affiche son portrait (1930). Les Arts n’ont pas eu d’élève Larens. [je crois qu’il va falloir faire des recherches sérieuses sur le sujet]

ripatin : (n. m.) soulier rapiécé ou non (Ch 1869) ; étymologie : vient de ripatonner qui signifie réparer en général

robert : (n. m.) (1) couteau de poche vendu 6 liards (An 1856) ; (2) tout couteau (An 1875); on dit aussi rob’s (An 1856-30) [voir aussi birob’s]

robin’s : (n. m.) robinet (Cl 1911); variante : rob’s (An 1920)

rondelle : (n. f.) médaille décernée pour excellence aux ateliers (1849-30)

rongeur : (n. m.) (1) mouchard (An 1849-56) ; (2) bûcheur acharné, grand dévoreur de livres (An 1856-75)

Rossard Saint : (n. pr.) “patron des vénérables flemmards” (Ai 1885, Li 1929); les conscrits récitent son oraison, le Samedi, avant la grande pionce

rotamment : (adv.) splendidement (An 1903); étymologie : de “en roter”, être ébahi d’admiration

roter : (v.intr.) tourner, “ses yeux rotent de pi/2 vers les cieux” (An 1929)

roue libre [Faire]” : continuer à travailler, mais sans forcer, après la composition du Vendredi (Li 1921)

rouffle : (n. f.) chiquenaude punitive (An 1849)

rouleau : (n. m.) jour de salle de police (Ch 1893); étymologie : le dessin d’un rouleau de tension de courroie est toujours imposé au puni

roup’s : (n. f. pl.) (1) parties viriles, “tâte-roup’s” : médecin, “roup’s de Kroum’s” (Kroumir) : pruneau (An 1903); (2) partie de musique, “porte roup’s” : musicien qui se charge des partitions (An 1903)

rouspète : (n. f.) manifestation de colère, “tourner (dans la cour) en rouspète” : dans le sens contraire au sens rituel, “embrayer en rouspète” : en marche arrière, “voir les choses en rouspète” : avoir l’esprit mal tourné (An 1903). mots dérivés : antirouspètance : (n. f.) formule abracadabrante que le conscrit rouspèteur doit réciter avant d’être botté (An 1909)

roussin : pèt (An 1849); étymologie : de l’expression “pèter comme un roussin” (XVIIIeme siècle)

roustir : (v.tr.) priver, “roustir de sortie” (1903) ; mots dérivés : roustissure : (n. f.) privation de sortie (1910)

S
sac : (n. m.) chef de l’atelier d’ajustage (An 1924-50); étymologie : survivance du surnom du titulaire

sagoin : (n. m.) étudiant en droit ou en lettres, “beaucoup de castors prennent de fâcheuses allures de sagoins” (Ai 1929); étymologie : du sens populaire “ouvrier ignare”

Sainte Ampoule : (n. f.) forge de l’atelier d’ajustage (Ai 1910); étymologie : forger donne des ampoules aux mains

salement : (adv.) étonnamment, extrêmement, “salement collelé” : fort réussi (1890), “on a salement rigolé” (1890)

salle de police (1855), salle de p’s (1885), salle d’eps (1903 : (n. f.) pain sec pour le déjeuner, et pensum pour la récréation (punition qui n’exige pas de local spécial)

Saint Samedi : (n. pr.) patron des fainéants, des semaines écourtées (Ai 1928)

saper : (v. tr.) vétir, “saper en première” (Ai 1919)

saquer : (v. tr.) (1) renvoyer de l’école (1869), priver de bourse (1869), exclure en général, “saqué de promo’s” : mis en quarantaine (1903) ; (2) traiter avec rigueur, “saqué par le prof” : noté sévèrement (1903) ; étymologie : de l’ancien français “se saquer” : fuir, que l’on peut aussi rattacher à l’espagnol “a sacor” : exclure ; mots dérivés :”’ saqué : (n. m.) “premier saqué” : l’élève classé 11ième, après les dix gradés (1903)

saquante : (n. f.) (1) exclusion de l’école (An 1903) ; (2) groupe d’exclus (Ch 1891), saquance (n. f.) (Ai 1908) & saquage (n. m.) (Ai 1929) : exclusion

savon : (n. m.) gruyère (Ai 1910)

schnockoter : (v. tr.) chaparder, “annexer” (Pa 1929) ; (mot à mot : “germaniser”)

sec’s : (n. f.) (1) section, salle d’étude (Ai 1925) ; (2) étude, “la sec’s du soir” (Ai 1925)

sèlép’s : (n. m.) salière (An 1910) ; étymologie : de “sel et poivre”

sens j : (n. m.) (1903) ou sens gadzarique (1927), sens trigonométrique, sens rituel de la promenade en cour, “(au banquet,) la re (le rabiot) vadrouillera en sens j” (Ch 1903). le sens “-j” : le sens horaire, qui est rituel à la mi-temps (Ch 1903), et pour les révoltes, où l’on tourne en rouspète

sergent de musique : (n. m.) élève chef de fanfare, pour les promenades en ville (An 1856-78); étymologie : il porte un chevron doré

silencieux : (n. m.) monôme de la Toussaint, au cimetière (An 1927), monôme anniversaire de la révolte de Décembre 1898 et du 11 Novembre 1918 (Cl 1929)

soce : (n. f.) groupe, “notre soce c’est fait remarquer” (1920)

soiffance : (n. f.) beuverie (Li 1928)

68 bis : (adj. num.) 69, nombre qu’un conscrit ne doit pas énoncer, “élu par 68 bis voix” (An 1927)

sol ou sol’s : (n. m.) soleil, “pomper le sol” : se chauffer au soleil (An 1856), “le Sol’s” : le Café du Soleil (An 1903)

sommet de la courbe : 508 (Ai 1908) [et autre mi-temps]

sonné : (adj.) abruti par l’ivresse ou par la fatigue (1927)

sous-verge : (n. m.) sous lieutenant “G. et B., nos anciens, sont sous-verges, l’un à Lyon, l’autre à Albi” (1905)

strass : (n. f.) administration (1905) ; mots dérivés : strassif : (adj.) de la strass (Cl 1929);strassophob’s : (adj.) qui a de l’aversion pour la strass (Cl 1927)

sucre : (n. m.) craie pour écrire au tableau (Ai 1910)

sultan [le] : (n. m.) maître tailleur (An 1882), son atelier est appelé le harem, ses ouvriers sont les eunuques, et ses employées les sultanes (An 1903); étymologie : il s’assied à la turque sur sa table de travail

sup de … : école supérieur de …, “sup de fonderie, de textiles, sup-élec” (1924)

surin : (n. m.) un poignard (An 1856)

systusse : (n. m.) truc, procédé, “je dégote un systusse pour faire repasser mes liquettes” (An 1927)

T
tabagnon : (n. m.) chambre de surveillant, bureau de chef d’atelier, caboulot (Ai 1909); étymologie : de l’espagnol “tabanco” : étal, baraque; mots dérivés : Le Tabagnon : (n. pr.) l’Ecole (Cl 1909, Li 1910, Ch 1913, Ai 1925, Pa 1948)

tabagn’s : (n. m.) bureau (Cl 1903), pupitre (Ai 1925)

tandem : (n. m.) salière à deux godets (Ai 1910)

tangente j : (n. f.) nombre de jours qui sépare de l’exance (Li 1921); étymologie : le j serait un diminutif de “fuite”; mots dérivés : tangenter : (v. tr.) éviter de justesse, friser, “il a tangenté l’armée auxiliaire” (1929)

tapin : (n. m.) tambour, “faire du chambard avec son tapin” (Ch 1887); sens rarement employé; mots dérivés : tap’s : (n. m.) (1) tambourineur (1887) ; (2) heure “quel tap’s est-il?” (An 1927-51); étymologie : pour ce dernier sens, il faut comprendre “roulement de tambour”, car les heures étaient marquées de cette façon

tap’ser : (v. tr.) tambouriner (An 1903)

tapir : (n. m.) rôti (Ai 1910); étymologie : viande qui n’a du boeuf que le nom

tâté : (adj.) réussir, “une affiche tâtée” (1929)

tâte-roup’s : (n. m.) médecin (An 1888)

textuo : (adj.) textuellement (An 1929)

théatre : (n. m.) amphithéatre de cours (An 1914)

tiers : (n. m.) dispense d’atelier pour indisposition (Ch 1869, Cl 1909); étymologie : tiers de journée

tifs : (n. m. pl.) cheveux; le mot était déjà très populaire avant 1885; étymologie : du Dauphinois “tifo” : paille, et qui a servi a désigner des cheveux blonds et raides; mots dérivés : tifser : (v. tr.) couper les cheveux (An 1903); tifseur : (n. m.) coiffeur (An 1909)

tirer d’épaisseur [se] : s’amenuiser, “la semaine est d’épaisseur” : sur le point de s’achever (An 1932); étymologie : image de la planche que l’on rabote

toile ém’s : (n. f.) drap de lit rugueux (Li 1922)

topin : (n. m.) (1) pot à huile en usage à l’atelier (Ch 1872);(2)‚vase de nuit (Ch 1893); plat à pain (Ch 1903); mots dérivés : top’s : (n. m.) vase de nuit (1900) top’ser : (v. intr.) remuer le plat pour redemander du pain (1910)

torche et lèche! : suffit comme ça! (à propos d’un travail inachevé) (An 1928)

torchesque : (adj.) superbe, bien torché, “un monôme torchesque” (Ai 1925)

Tradiss (Ch 1905) Trad’s (Ch 1913, Ai, An, Li 1929) : (n. f.) tradition de l’École; mots dérivés : tradsophil’s (Cl 1927) & antitrad’s (Cl 1930) : (adj.) attaché & hostile aux traditions

trident : (n. m.) fourchette (An 1910)

trigon’s & trigonom’s : (n. f.) trigonométrie (Pa 1929)

truffard : (n. m.) Périgourdin (An 1888), et aussi Creusois, Cantalien, Limousin; étymologie : allusion aux truffes du Périgord

tub’ : (n. m.) sous-directeur, responsable de la discipline (Cl 1910-30)

tuss : (n. f.) (1) danger, “ya d’la tuss!” (Ch 1869) ; (2) peur, “les conscrits ont la grande tuss” (Cl 1927), (3) “faire la tuss” : faire le guet (1955), (4) “tuss!” : alerte!, “Tuss! Tuss au rat! Il est au pigeoir!” (Ch 1955), “tuss à tes arpions!” : gare à tes pieds (Ch 1859, Li 1905, An 1910); mots dérivés : en tuss : (1) en tapinois, “s’amener en tuss” (An 1911); (2) en fraude, “du cuivre chipé en triple tuss!” (An 1911); étymologie : vient de teusse, mot vosgien du XIXième siècle signifiant peur tussard : (n. m.) froussard (Cl 1927)

tuy’s : (n. m.) renseignement, “tuyau” (école normale 1916, AM 1921); fil électrique, “s’y a pus de jus dans le tuy’s ” (Ai, An 1929); mots dérivés : tuy’ser : (1) (v. tr.) renseigner, “se tuil’ser” (An 1925); (2) (v. intr.) user d’antisèches, pomper

U
unif : (n. m.) uniforme; (X 1894) mais notons tout de même l’existence de “L’unif est mort”, chanson AM en 1902

V
vache : (n. f.) (1) boeuf bouilli, “la vache flasque alterne avec le cheval roti coriace” (An 1856); (2) langue française (matière, cours et professeur) (Ch 1832-55, An 1903, Cl 1910, Pa 1929); étymologie : à Châlons en 1855, les élèves rattachent ce sens au “français de vache espagnole”, proverbial dès 1750

vache : (adj.) épatant, admirable, “une vache idée” (1925)

vadrouiller : (v. intr.) se promener en rond dans la cour (Ch 1903)

vaseux : (adj.) (1) confus, “un rapport vaseux” (An 1903) ;(2)‚ ardu, “la mécan’s est vaseuse” (An 1903) ; mots dérivés : vaseux : (n. m.) cours de mécanique (1929)

vénérable : (n. m.) synonyme d’ancien (1910); mots dérivés : archivénérable (ou archi) : (n. m.) qualité de celui qui a redoublé une des trois années d’études (Ai 1928)

vénéré : se dit d’un gadz’art que l’on n’a pas connu, pour une cause quelconque, “inconnu mais vénéré” (An 1926)

vert : (adj.) trompé déçu, “la gradante verte” : les dix derniers (1905) ; “vert-trad’s” : dernier et “avant-vert” : avant dernier à l’examen de traditions (1930)

vesse [en] : en cachette, “travail fait en vesse” (An 1903)

vexé : (adj.) élève classé après les gradés, “premier vexé” (An 1855, Ch 1869; mots dérivés : vesté : (n. m.) candidat non admis, classé 101ième, et 1ier élève sortant après les médaillés (Ch 1893, où l’on dit “veste!” quand on rate sa pièce); étymologie : vesté, vexé, par influence de “remporter une veste”

videpince : (n. m.) vinaigre (An 1903) ; étymologie : selon une tradition, un noir, garçon de réfectoire se nommait “Pince”

viscope : (n. f.) visière de casquette (1875), “porteur de viscope” ; en 1905 le disciplinaire a une visière longue et carrée, en 1906 (par fantaisie) elle avance de 16cm ; mots dérivés : viscop’s : (n. f.) visière (An 1875)

viscrit : (n. m.) (1) élève de 2ième année (An 1849, Ch 1869); étymologie : dérivé de conscrit pour exprimer l’ardeur à bûcher cythère; (2) la 2ième année, “mon conscrit de viscrit” : le camarade de 2ième année qui est entré avec le même rang que moi [c’est un cuscrit qui parle] (Ch 1890); mots dérivés : viscrital : (adj.) de viscrit (Ch 1889); viscraillon : (n. m.) ensemble des viscrits (An 1910)

vivre : (v. intr.) “faire vivre” : faire trimer, dresser, “faire vivre un conscrit” : le charger de corvées (An 1856)

W
Aucun mot en W

X
Aucun mot en X

Y
yeps! : attention! méfiance! (An 1849, désuet en 1856) [voir tuss]

Z

Z- : préfixe imitant les prosthèses vides “s” liée, type “un zuhlan” (Ch 1869, puis propagé), s’applique :

(1) aux choses :

zembois : (n. m.) sabot ; (n. f.) pipe en bois zenterre : (n. f.) pipe en terre zenbout : (n. f.) machine à dresser les bouts de planches zacrosto : (n. m.) acrostiche, imposé à un conscrit zoignes : voir ognes

(2) aux noms propres :

Zeugène, Zhaura : surnom d’un professeur; le Zoeuf : surnom donné à une personne chauve

ZA : préfixe imitant les prosthèses comiques du type “ses abajoues, ses bajoues” (Ai 1875), s’applique :

(1) aux instruments et aux machines :

ZAcoulisse, Zacoul’s : (n. m.) pied à coulisse ZAcran : (n. m.) couteau ZAdevant, Zafrapp’s : (n. m.) marteau ZAém’s : (n. m.) papier émeri ZAmain, Zapied, Zagriffes : (n. m.) étaux divers ZApil’s : (n. m.) marteau pilon ZApilser : (v.tr.) pilonner ZApointes ZAépaiss ou Zadép’s : (n. m.) compas à pointe sèche et d’épaisseur ZAroul’s : (n. m.) pont roulant

(2) aux vêtements :

ZAbandes : (n. m.) pantalon à bandes rouges ZAbrim : (n. m.) caleçon de bain ZAcarreaux : (n. m.) mouchoir ZAtarte : (n. m.) faux col de gala (“à manger de la tarte”)

(3) à des accessoires :

ZAdécale : (n. m.) timbre du billet de voyage à demi-place ZAdix, ZAseize : (n. m.) tabac à 10, à 16 sous

(4) à l’individu physique et moral :

ZAbouc : (n. m.) barbu ZAcrève : (adj.) maigre ZAlarme : (n. m.) le triste (Ch)

(5) à des institutions ou à des fonctions :

ZAmort [Le] : (n. pr.) le tribunal des anciens (son cachet est une tête de mort) ZAtrad’s : (n. m.) procureur des traditions (Li)

(6) à des objets, des choses ou des gens pour lesquels la préposition “à” n’a pas joué :

ZAlap’s : (n. f.) machine lapidaire ZApich : (n. m.) pichet de table ZAblanche : (n. f.) chaussettesZAbleu : (n. m.) tenue d’atelier ZAnoire (n. f.) cravate ZAgras : (n. m.) savon gras, cirage, huile, confiture ZAmaigre : (n. m.) savon de toilette ”’ZAcogne [Le]: (n. pr.) le surveillant (ex gendarme)

zident : (n. m.) président [à X, utilisation par les Arts non répertoriée]

(zim)²: (n. f.) danse burlesque du genre pantin, imposée au conscrit (An 1903, Cl 1910, Ai 1910); étymologie : viendrait de “zim-la-ila!” refrain en vogue vers 1869

Zoigne [La] : (n. pr.) surnom d’un professeur aux longs pieds (Ch 1869-96)

zognes ou zoignes : (n. f. pl.) (1) pieds; “bain de zognes” : cuve à bains de pieds, et bassine pour laver les couverts au réfectoire; “piler les zognes (au conscrit)”; “roulement de zognes” : frappements de pieds sous les pupitres (Ch 1891-10) ; (2) mains, “lave zoignes” : lavabo (Ch 1891); “bonne poignée de zoignes!” (An 1903)